Rompue au répertoire français et ses grandes héroïnes, la jeune artiste narbonnaise a accepté de revenir sur ses débuts et de commenter les grandes étapes d’un parcours réalisé sans la moindre faute.

Vous ferez bientôt vos débuts sur la scène de la Bastille dans un rôle mythique, celui de Carmen, qu’en revanche vous connaissez parfaitement. Dans quel état vous trouvez-vous et qu’est-ce que cette « première » vous inspire ?

Clémentine MARGAINE : C’est un peu compliqué car je reviens de New York et, pour la première fois, j’enchaîne deux productions de Carmen. Habituellement j’ai le temps d’alterner avec d’autres rôles, mais là cela n’a pas été possible. Par chance elles sont toutes les deux intéressantes et radicalement différentes ce qui va me permettre d’explorer de nouvelles facettes du personnage. A Paris la mise en scène correspond à l’idée que je me fais d’une héroïne que je vois comme quelqu’un de très instinctif, d’assez violent, d’écorché surtout.

Vous avez la chance de jouer dans la désormais célèbre mise en scène de Calixto Bieito vue à Barcelone, Turin, Palerme, Venise et Londres, qui succède à celles d’Alfredo Arias et d’Yves Beaunesne. La connaissiez-vous et que pensez-vous de son extraordinaire impact émotionnel et visuel due à la modernité de sa transposition ?

C.M. : Elle a voyagé dans le monde entier, c’est exact, mais je n’en connaissais que des extraits, n’ayant pas vu le dvd qui existe : j’ai demandé à le visionner, mais Calixto a refusé. Je le regarderai sans doute plus tard. Je sais que la lecture est résolument moderne, je sais aussi que l’on est très loin de l’esprit flamenco et des mains sur les hanches, que la vision générale est sensuelle, sexuelle, que les rapports entre les hommes et les femmes y sont exacerbés, tendus, autant d’éléments qui m’intéressent, car Carmen est un hymne au féminisme. Elle décide d’être libre dans un monde où cela lui est interdit ; cette décision est compliquée et on la lui fera payer, car les hommes n’aiment pas beaucoup ça. Elle doit se battre pour sa liberté et doit pour cela aller jusqu’à la mort.

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