Avant de chanter Carmen à l’Opéra Bastille face à Roberto Alagna, Clémentine Margaine, l’une des chanteuses les plus demandées au monde pour ce rôle, se livre à Ôlyrix sur son retour en France, après un début de carrière international.

Clémentine Margaine, vous répétez actuellement la production de Calixto Bieito de Carmen, votre rôle fétiche. Comment décririez-vous cette mise en scène ?

Les répétitions ayant commencé hier, je n’en ai à ce stade qu’une vision partielle. Elle prend le contre-pied des productions généralement attendues de Carmen. Par exemple, durant la Habanera, une très belle femme arrive entourée de tous les hommes, ce qui amène le public à penser qu’il s’agit de Carmen, alors qu’elle est en fait en train de se disputer avec son amoureux dans une cabine téléphonique. Il y a beaucoup de petites surprises de ce style. C’est très moderne, très cru et très violent, loin des clichés de la main posée sur la hanche et du flamenco. On est pourtant bien dans l’Espagne, mais on en retrouve surtout la chaleur et la poussière. C’est une mise en scène très sensuelle, qui va loin aussi bien dans la violence que dans son aspect charnel, avec l’objectif d’être dans le réalisme, plus que dans le beau et l’amusant.

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Nourrie des nombreuses productions dans lesquelles vous l’avez chantée (voir sa lyricographie), quelle est votre vision personnelle du personnage ?

Le personnage est complexe et il évolue. Il peut complètement changer d’attitude et de personnalité d’un instant à l’autre : il est difficile de la décrire en quelques mots. Ceci étant, il est vrai que je l’ai beaucoup chanté et que chaque production et chaque partenaire a ajouté une finesse dans ma vision du personnage. En effet, elle vit et réagit en réaction à Don José et d’Escamillo : les interactions avec les interprètes masculins colorent donc la manière de jouer Carmen. C’est un personnage entier, libre, parfois même sauvage. J’aime montrer qu’elle a beaucoup d’humour car cela transparaît dans la musique. Elle réagit toujours de manière inattendue, ce que cette production met bien en avant : on ne sait jamais sur quel pied danser.