Carmen lui a ouvert les portes des grandes maisons d’opéra. La mezzo-soprano Clémentine Margaine, la bohémienne de l’ouvrage de George Bizet au Théâtre du Capitole, est originaire de Narbonne. Venue à la musique par le piano, elle étudie aux conservatoires de Perpignan et de Montpellier, termine sa formation de chant au Conservatoire supérieur de musique de Paris. Nommée en 2011 «révélation lyrique de l’année» aux Victoires de la musique classique, elle intègre l’année suivante la troupe du Deutsche Oper de Berlin. Ses débuts dans «Carmen» à l’Opéra de Dallas datent de 2013.

Votre Carmen est célèbre. C’est un rôle fétiche ?

Carmen me porte bonheur. Elle m’a ouvert les portes de maisons d’opéra un peu partout dans le monde. Je lui dois mes débuts au Metropolitan Opera de New York et à l’Opéra National de Paris en 2017. Je vais le chanter à Londres, Vienne, le reprendre au Metropolitan Opera de New York.

Qui est pour vous ce personnage ?

Carmen est tout et son contraire. C’est ce qui la rend fascinante. La mienne a beaucoup changé car j’ai évolué en tant que femme. Carmen est la représentation féminine par excellence. Sa séduction est immédiate. Objet de tous les désirs, elle est insaisissable. C’est ce qui fascine les hommes. Mais elle refuse d’être contrôlée par eux : elle veut rester libre. Don José attendait une telle femme. Il est prêt à tout pour elle. Il va parvenir à une extrême violence. La mort de Carmen est un crime passionnel.

A Florence, un metteur en scène a modifié la fin : Carmen tue Don José. Votre avis ?

Ce n’est pas possible. Carmen est une œuvre de génie. Tout est écrit : le drame, les sentiments, les arrière-pensées. On a du mal à penser qu’un metteur en scène peut concevoir une histoire différente. Je me sens très heureuse dans la production du Capitole. Le ténor Charles Castronovo est un partenaire de rêve.

D’autres Carmen après Toulouse ?

Oui, mais je vais l’interpréter moins souvent. Maintenant, je retrouve les théâtres lyriques avec d’autres personnages. Je viens de chanter la Favorite de Donizetti à Munich. Je vais reprendre Dalila de Saint-Saëns aux États-Unis, interpréter en Australie ma première Amnéris d’ «Aïda». Elle va me mener vers d’autres rôles de mezzo-soprano de Verdi : Eboli, Azucena.

Théâtre du Capitole 15 avril à 15 heures ; 17 et 19 avril 20 heures Tarifs : 109 € à 10 €. Il reste quelques places. Tél. 05 61 63 13 13.

Un Don José idéal

Carmen sensuelle sans affectation, riche timbre, Clémentine Margaine bouge, danse, joue avec naturel son personnage de jeune femme rebelle. Grâce à la profondeur de ses notes graves, elle peut aussi exprimer la gravité de l’air des cartes. Le ténor Charles Castronovo incarne un Don José quasi idéal : timbre, contrôle de la voix sur toute la tessiture, souci de l’expression. Côté décor, deux grands panneaux glissent pour évoquer les divers espaces. Efficace, la mise en scène de Jean-Louis Grinda respecte l’époque (le XIXe siècle), les lieux (Séville). À la tête de l’Orchestre du Capitole, Andrea Molino rend à la musique de Bizet sa vivacité, sa lumière.

Vidéo

La Depeche